Mise en évidence chanson française : La chanson francophone au Canada

Cette mise en évidence foisonnante vous propose de (re)découvrir les chanteur(se)s francophones qui ont fait, font et refont la chanson francophone du Canada. Cette histoire entremêlée d’influences anglo-saxonnes, tente de défendre une identité originale proprement canadienne tout en s’imprégnant de la chanson française du continent. Une aventure musicale qui apporte une lumière nouvelle sur le foisonnement actuel de la chanson francophone canadienne.

Tout commence au début du XXe siècle avec les premiers enregistrements des chanteur(se)s populaires qui reprennent des chansons populaires transmises de bouches à oreilles, de villages en villages et d’interprètes en interprètes… Mary_Bolduc1930Au cours des années vingt, la chanteuse populaire Mary Bolduc, chante la vie quotidienne et les préoccupations des gens ordinaires dans une langue de tous les jours. Elle obtiendra un succès retentissant. Au même moment de nombreuses traductions et adaptations de classiques américains interprétés, en particulier, par les chanteurs de charme (l’équivalent des crooners), contribuent à l’essor de la production franco-canadienne. En réaction, l’élite intellectuelle et le clergé canadien propose un répertoire de chansons appelé « La Bonne Chanson » pour combattre ce qu’il considère comme une dévalorisation du bon parler français par les chanteurs populaires et pour lutter contre l’américanisation de la chanson par les chanteurs de charme.

La Country-Western

Vient la deuxième guerre mondiale et avec elle Alys Robi, interprète sensuelle de succès français, américains et surtout de classiques latino-américains. Elle devient une vedette internationale. Le début des années 40 est aussi celui du Country Western lebrun_rolland_02interprété en français ; ce genre avait été popularisé par les films de cowboys hollywoodiens. Roland Lebrun – surnommé le soldat Lebrun – interprète ses propres compositions et ouvre la voie à un style country-western typiquement canadien français. Willie Lamothele « Sergent chantant » – en fera autant !

 

 

Les Chansonniers

De ces diverses influences naîtront les « chansonniers », se distinguant par la primauté donnée à la voix et au texte et un accompagnement dépouillé limité à une guitare. L’émergence de ce genre dans les années 50 est à relier à plusieurs phénomènes. D’abord il correspond à l’essor d’un courant de poésie « du pays ». Ensuite, il coïncide avec la montée du courant nationaliste et les débuts de ce qu’on a appelé « La Révolution tranquille », cette révolution qui conduit à la séparation de l’Église et de l’État et à la construction d’une nouvelle identité québécoise. Les chansonniers joueront un rôle déterminant dans la formulation de cette identité.

Des chansons  comme « Gens du pays », ou « Mon pays » écrite et interprété par Gilles Vigneault.

Ou  encore « Alouette en colère » de Félix Leclerc, illustrent clairement ce phénomène.

J’ai un fils enragé ; Qui ne croit ni à dieu ; Ni à diable, ni à moi /J’ai un fils écrasé; Par les temples à finances ; Où il ne peut entrer ; Et par ceux des paroles ; D’où il ne peut sortir /J’ai un fils dépouillé; Comme le fût son père ; Porteur d’eau, scieur de bois ; Locataire et chômeur ; Dans son propre pays /Il ne lui reste plus ; Qu’la belle vue sur le fleuve ; Et sa langue maternelle ; Qu’on ne reconnaît pas

Les boîtes à chansons deviennent le lieu de scène de prédilection des chansonniers et permettent des échanges marquants entre artistes canadiens et européens. La radio se développe et devient le canal de diffusion privilégié. ImageFélix Leclerc en est le grand représentant, sans aucun doute à cause de l’excellence de ses textes et de la qualité de ses mélodies ; toutefois il devra connaître le succès en Europe francophone avant d’être acclamé dans son propre pays. Il fait partie de la première génération formée à l’école française de la chanson (Brel, Ferré, Brassens). La deuxième, celle de Robert Charlebois, s’inscrit plutôt dans les courants californiens des années 60 avec le surf rock et le rock psychédélique ; quant aux années septante elles voient l’arrivée des chansonniers de type collectifs comme Harmonium, les Séguin, Beau Dommage et Garolou.

Toutefois retenons que les préoccupations de ces auteurs compositeurs interprètes étaient avant tout esthétiques avant d’être sociales ou politiques. On considère que la créativité poétique et musicale qu’ils ont déployée a contribué à sauvegarder les traits du folklore québécois tout en le renouvelant.

L’âge d’or?

Les années 70 se caractérisent par une production abondante et d’une grande créativité. Cette fécondité coïncide avec l’imposition d’un quota de contenu canadien francophone de 65 % aux diffuseurs des radios francophones. Elle est à associer à la contre-culture américaine et européenne, le mouvement hippie exerçant une influence notamment sur la production de l’album concept Jaune de Jean Pierre Ferland ou encore dans les ambiances complexes d’Harmonium.

C’est Robert Charlebois qui amorce cette nouvelle période de la chanson francophone en la régénérant par l’énergie Rock. Il crée en 1968 un spectacle avec Louise Forestier « L’osstidcho » Imagequi déchaînera les critiques. Ce spectacle s’illustre par une orchestration électrique, les accents surréalistes des textes et le comportement excentrique de Robert Charlebois sur scène.

 

 

 

 

Et hors Québec ?

La production de chanson francophone n’est pas l’exclusivité du Québec, c’est en particulier autour des années septante qu’elle prend son essor hors Québec. Les Acadiens (la communauté francophone la plus importante après les québécois) sont nombreux à s’inspirer de la musique traditionnelle. Ils occupent une bonne place dans la production musicale avec Édith Butler, Bausoleil Broussard et le groupe 1755 ou encore Angèle Arsenault et le groupe populaire originaire de Nouvelle Écosse, Radio Radio. Au Manitoba on retrouve Daniel Lavoie. En Saskatchewan, Hart rouge et Carmen Campagne connaîtront un succès internationales dans les années 1980. Les régions de l’Ontario et de l’Ouest francophone ont eux aussi leurs représentants.

Étant donnée la proximité entre la langue française et anglaise il n’est pas surprenant d’y croiser des interprètes qui mêlent les deux langues comme Michel Pagliaro, Daniel Lavoie ou encore Kate & Anna McGarrigle.

Cette période foisonnante s’essouffle suite à la défaite du référendum sur la souveraineté du Québec et la grave récession économique de 1980-1982. Il faudra attendre le milieu des années 90 pour observer un retour à la diversité.

Richard Desjardins

Pour les années 80, j’ai préféré retenir exclusivement – de manière totalement arbitraire – l’auteur-compositeur-interprète et cinéaste québécois Richard Desjardins. Il est né en Abitibi-Témiscamingue, une région marquée par  l’exploitation minière et ancienne terre de vie et de chasse des Algonquins. Chanteur et leader de la formation Abbittibbi de 1975 à 1982, il commence une carrière solo en 1989 avec « les Derniers humains » suivi de quatre albums, Tu m’aimes-tu ?, Boom Boom, Kanasuta et l’Existoire (sorti l’année passée). ImageIl est moins connu chez nous pour ses trois documentaires engagés, le premier « L’Erreur Boréale » traite de l’exploitation agressive de la forêt boréale et sa mise en danger, suivi du très émouvant « le peuple invisible » qui retrace l’horrible épopée du peuple algonquin devenu un « peuple invisible », enfin en 2011 il s’engage contre l’exploitation minière avec « Trou Story ».     Malheureusement aucun de ses documentaires ne se trouve sur le marché belge, cependant ils sont disponibles en streaming aux adresses suivantes :

http://www.youtube.com/watch?v=SrY-ZCc9cFM (l’Erreur Boréale en entier sur You tube)

https://www.youtube.com/watch?v=qsSCYorZWRE (première partie du docu « Le peuple invisible »)

http://www.tagtele.com/videos/voir/95725/2/ (Trou Story en entier sur tag télé)

Les musiques alternatives

Les années 90 seront celles des musiques alternatives. On observe l’entrée du métal, de la musique punk et le retour des musiques « du monde », folkloriques ou traditionnelles, ainsi que le retour du style country-western. Enfin l’essor du HIP HOP canadien n’est pas à négliger.

La scène actuelle

Cette histoire fertile constitue les bases de la production créative de la scène canadienne francophone actuelle. Cette scène fera l’objet de la « suggestion du mois » en mars et vous proposera entre autres la chanteuse folk et country-western Lisa Leblanc originaire du Nouveau-Brunswick comme le groupe de hip hop Radio RadioImage qui n’hésite pas à chanter en « chiac ». Le groupe Canailles qui s’inspire lui aussi du country-western. Un peu de folk avec Jimmy Hunt ou Avec pas d’Casque et du rock avec Malajube et les Breastfeeders… et des néo-chansonniers comme Pierre Lapointe ou Philippe B.

À très vite…

D’ici là bonne découverte !

Alix Hubermont

2 réflexions sur “Mise en évidence chanson française : La chanson francophone au Canada

  1. Pingback: La chanson francophone au Québec | Pourquoi pas... en français ? | Scoop.it

  2. Bonjour
    Je suis un fan de ces chanteurs là, et surtout des groupes comme Harmonium et Beaudommage.
    Un petit coucou à ma sœur qui vit la bas
    Frédo

Laisser un commentaire